Nord-ouest de la Syrie: témoignage Aisha, une sage-femme MSF
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Les équipes de Médecins Sans Frontières (MSF) ont recueilli le témoignage d’Aisha, une sage-femme superviseuse MSF qui vit à Azaz, dans le nord de la Syrie. Aisha a vécu les tremblements de terre et est immédiatement intervenue en secours des blessés en lien étroit avec notre personnel présent dans le pays.
Scènes apocalyptiques
« Lorsque le tremblement de terre a eu lieu à 4h17 du matin, ma famille et moi étions endormis. Nous avons senti le bâtiment trembler au-dessus de nos têtes. Au début, nous ne savions pas ce qui se passait, mais après une dizaine de secondes, nous avons compris que c'était un tremblement de terre. Mon mari a attrapé notre fille de deux ans, Lareen, tandis que je suis allée chercher nos autres enfants et nous avons couru dehors. Pour les sauver, nos voisins des étages supérieurs ont jeté leurs enfants par les fenêtres afin que nous les rattrapions. C’est ce que nous avons fait, puis nous les avons s éloignés. Dehors, nous avons regardé autour de nous, nous avons eu un choc. Nos larmes étaient mélangées à du sang. Nous ne comprenions pas ce qui se passait. »
Se mobiliser et soigner
« J'ai réalisé que je devais aller sauver des gens. Certaines personnes étaient restées dans leur immeuble, d'autres avaient peut-être vu leur maison s'effondrer sur elles. J'ai couru dans la rue, pieds nus. Mon mari me criait de revenir : « Aisha, où vas-tu ? Reviens ! »
Je ne pouvais pas rester immobile alors que tant de gens avaient besoin d'aide. Il y a des personnes coincées sous les décombres, ai-je répondu. Je suis soignante, je dois les aider.
« J'ai parcouru les rues de notre quartier jusqu'à ce que je sois sûre qu'aucun bâtiment ne s'était effondré. Seulement après, je suis revenue et j'ai pris mes enfants dans mes bras. Nous avons passé le reste de la nuit avec nos voisins dans la cour, sous la pluie. Nous étions terrifiés. En tant que mère, je voulais simplement être là pour mes enfants, d'autant plus que mon fils aîné avait été tué lors du bombardement d'Alep. La première chose qui me venait à l'esprit était la nécessité de les protéger et de les emmener dans un endroit sûr. Mais je ne pouvais pas rester longtemps avec eux. Je devais aller aider les autres. Les hôpitaux appelaient des équipes médicales en renfort. Les personnes secourues arrivaient en nombre dans les hôpitaux, qui étaient complétement débordés. Mes enfants m'ont encouragée à y aller. Mon fils m'a dit : " Maman, va aider les gens. Ne reste pas ici ! " Cela m'a donné la force de partir. J'ai pris la voiture et je me suis rendue [en tant que volontaire] à l'hôpital qui avait le plus besoin de personnel médical. Je suis arrivée dans la salle d'urgence et j'ai commencé à travailler. J'étais en contact étroit avec les équipes MSF de la région. La référente médicale MSF m’a demandé ce dont nous avions besoin en termes de médicaments et de matériel chirurgical et médical dans cette structure. »
Agir vite pour sauver le plus de vies possibles
« A 13 h 24, nous avons ressenti une forte réplique. Le bâtiment de l'hôpital étant constitué de panneaux métalliques, il aurait pu s'effondrer à tout moment. Les personnes blessées se sont précipitées pour sortir de l'hôpital. Nous avons reçu plus de 50 blessés de toutes les régions. Les quatre blocs opératoires étaient pleins. Nous manquions d’équipement et les chirurgiens ne pouvaient pas réaliser toutes les opérations, nous avons donc a donc référé les patients vers d'autres hôpitaux pour y être pris en charge. Nous avons essayé de soulager la douleur des enfants autant que nous le pouvions. Nous les avons emmenés dans loin des salles de soins pour leur éviter le sang et la violence du lieu. C'est tout ce que nous pouvions faire. »
Soutien aux régions sinistrées et populations marginalisées
« Le deuxième jour, je me suis rendu au bureau MSF d'Al-Salameh, dans le nord de la Syrie. Nous avons contacté les hôpitaux touchés par le tremblement de terre pour connaître leurs besoins. Ensuite, nous avons formé quatre groupes, composés de médecins et de logisticiens, pour visiter avec nos partenaires chacune des régions touchées par le tremblement de terre : Afrin, Jindiris, Azaz et Marea. Lorsque nous avons rejoint ces zones, nous avons commencé par aider les organisations locales à distribuer aux personnes dans le besoin des oreillers, des matelas, des couvertures, des produits de nettoyage, des ustensiles de cuisine, c’est-à-dire des biens de première nécessité pour les personnes qui avaient trouvé refuge dans les champs, sous les oliviers ou sur des terrains désertiques. Il faisait très froid, il pleuvait et il neigeait. Des gymnases, des terrains de jeux et des centres communautaires ont été ouverts pour les personnes qui ne pouvaient plus rentrer chez elles. Nous leur avons fourni de la nourriture, des couvertures et des matelas. Il est difficile de répondre seul à tous les besoins des gens, car ces régions ont été durement touchées et les dégâts du tremblement de terre sont immenses. Nous aidons donc en priorité celles et ceux qui ont perdu leur maison. »
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