Grèce: arrêtez de piéger les gens dans des conditions misérables
© Enri CANAJ/Magnum
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Un mois après les incendies qui ont détruit le camp de réfugiés de Moria et malgré les promesses publiques des commissaires européens selon lesquelles il n'y aurait « plus de Moria », plus de 7 500 personnes sont toujours piégées dans des conditions inhumaines dans un camp nouvellement construit à Lesbos. Des milliers d'autres, dont 7 000 enfants, continuent de vivre dans les camps indignes des îles de la mer Égée.
Plus d'un demi-million de personnes ont signé les pétitions demandant aux dirigeants européens d'évacuer les personnes prises au piège dans les îles grecques et de mettre fin aux politiques d'endiguement, qui ont provoqué ce cycle de souffrances et d'abus. Le nouveau pacte sur les migrations de la Commission européenne, présenté et examiné au Conseil « Justice et affaires intérieures », ne répond pas à ces demandes. Il réaffirme au contraire l'engagement des gouvernements et des institutions européennes en faveur des mêmes politiques qui ont précipité les incendies.
Plus jamais de Moria ?
Le nouveau camp de Lesbos rappelle la misère qui caractérisait le camp de Moria : hommes, femmes et enfants dorment dans des tentes, sans eau courante et la nourriture n'est distribuée qu'une fois par jour. L’hygiène est précaire : les parents se lavent et lavent leurs enfants dans la mer car il n'y a pas de douches et les toilettes sont peu nombreuses. Le camp a été construit à la hâte sur un ancien champ de tir en bord de mer et est exposé aux éléments : l'hiver approche et le camp ne résistera pas aux pluies et aux tempêtes à venir. Tout cela se produit dans le contexte de l’épidémie de Covid-19, alors qu’il est impossible pour les résidents du nouveau camp de prendre des mesures préventives telles que la distanciation sociale.
Pendant ce temps, les personnes vivant dans les autres hotspots de l'UE, à Samos, Chios, Kos, Leros sont également prises au piège de conditions inhumaines. À Kos, les nouveaux arrivants sont automatiquement détenus depuis janvier. Dans le hotspot de Samos, 4 314 personnes vivent dans et autour d'un site construit pour 648 personnes. Plus de 90 cas de Covid-19 ont été diagnostiqués et pourtant aucun plan de réponse médicale adéquat n'est en place.
Statu quo
Rien ne semble indiquer que le modèle ayant créé ces situations d’urgences cycliques pendant les cinq dernières années n’ait été remis en question. Le pacte sur les migrations semble au contraire renforcer les politiques mêmes qui ont causé ces années de souffrance. Il reflète l'échec de l'approche européenne des hotspots des îles de la mer Égée, étend les procédures frontalières obligatoires et est ouvertement orienté vers la dissuasion et le retour alors qu’il devrait favoriser l’accueil et une protection humaniste.
Assez, c'est assez. Nous réitérons notre appel à décongestionner d'urgence les îles et à offrir des logements sûrs et dignes à ces personnes notamment en les réinstallant à travers l’Europe. Nous demandons une fois de plus aux dirigeants européens de mettre un terme immédiatement à cet enfermement sur les îles grecques et d'abandonner les propositions visant à consolider les infrastructures frontalières dans toute l'Europe. Assez, c’est assez.
© Enri CANAJ/Magnum