MSF et le ministère de la Santé Publique ripostent à une épidémie de diphtérie dans la région de Batha au Tchad
© MSF/Johnny Vianney Bissakonou
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Une épidémie de diphtérie sévit actuellement dans la région du Batha, dans le centre du Tchad. Depuis juin 2023, plus de 825 cas et 36 décès ont été enregistrés, principalement dans les districts d'Ati, Alifa, Yao et N’Djaména Boulala.
En réponse à cette situation inquiétante, Médecins Sans Frontières (MSF) s'est mobilisé au mois de décembre 2023 aux côtés du ministère de la Santé publique et de la prévention afin d’assurer la prise en charge gratuite des cas de diphtérie ainsi qu’une surveillance épidémiologique de qualité dans le Batha. « C’est une maladie infectieuse très contagieuse, sans traitement rapide, le risque de décès est très élevé. La vaccination reste le meilleur moyen de se protéger contre la diphtérie et cette protection est normalement assurée par les programmes de vaccination de routine. Le problème est qu’à ce jour, beaucoup de nos enfants échappent encore à la vaccination de routine et sont vulnérables à cette maladie » explique le Dr Elie Fokzia, Délégué Régional de la santé dans le Batha.
Afin d'enrayer la propagation de l'épidémie et protéger les plus vulnérables, MSF a lancé ce 29 janvier 2024, une campagne de vaccination de masse en collaboration avec les autorités sanitaires de Batha. L'objectif est de vacciner environ 25 000 personnes de la tranche d’âge de 6 mois à 40 ans dans les zones les plus exposées à savoir les aires de santé de Yao et Souar. Au total 24 489 personnes ont été vaccinées contre la diphtérie sur les 24 553 attendues, soit une couverture vaccinale de 99,74 %.
Outre la vaccination, MSF mène des actions de sensibilisation des populations pour une meilleure connaissance de la diphtérie ainsi que sur les actions de prévention. Le Tchad n'est pas le seul pays de la zone sahélienne touché par le retour de la diphtérie. Le Niger et le Nigeria, pays voisins du Tchad, font également face à des flambées épidémiques depuis 2022.
Une coordination régionale est essentielle afin d’apporter une réponse forte à ces flambées épidémiques.
MSF appelle ainsi à un sursaut régional et international pour endiguer l'épidémie de diphtérie dans cette région fragile, via le renforcement de la vaccination de routine et un meilleur accès aux soins pour les populations vulnérables, en particulier dans les pays où la maladie est encore active, tels que le Tchad, le Niger et le Nigeria.
Pour Jean Bourgès, chef de mission MSF au Tchad, « c’est une maladie qui avait presque disparue et qui revient aujourd’hui en force dans les pays du Sahel, en raison du manque de programmes efficaces de vaccination de routine et de la perte de priorité pour ces épidémies depuis l’apparition de plus grandes catastrophes ailleurs dans le monde. On retrouve ainsi dans plusieurs villages éloignés des centres urbains des enfants dits ‘zéro dose’, c’est-à-dire qui n’ont jamais reçu aucun vaccin de routine. L'intensification de la réponse, notamment par des campagnes de vaccination de masse visant à atteindre les populations isolées, et un effort collectif de grande ampleur permettra de freiner le retour en force des maladies à potentielles épidémiologiques évitables par le vaccin telle la diphtérie ou la rougeole dans les pays du Sahel. Plus de financements et des interventions ciblées sont nécessaires pour circonscrire la propagation de la diphtérie ».
Médecins Sans Frontières (MSF) a commencé à travailler pour la première fois au Tchad en 1977. En tant qu'organisation humanitaire neutre et impartiale dédiée à sauver des vies et à soulager la souffrance des plus vulnérables, MSF fournit une assistance humanitaire médicale à ceux qui en ont besoin, notamment les réfugiés, les personnes déplacées internes, les rapatriés et les communautés d'accueil. Actuellement, MSF est engagée dans des projets à N'Djamena, Moissala, Massakory, Adré, Ourang et Métché. De plus, l'organisation mène des interventions d'urgence pour les réfugiés dans l'Est, principalement à Adré, et au sein des camps de Métché, Ourang, Daguéssa et Goz-Aschiyé.
© MSF/Johnny Vianney Bissakonou