Les noyades se multiplient pendant que l'UE bloque les secours humanitaires en Méditerranée
© Laurin Schmid/SOS MEDITERRANEE
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Plus de 600 personnes tentant de traverser la Méditerranée se sont noyées au cours des quatre dernières semaines, y compris des bébés et des jeunes enfants.
Ces tragédies, qui représentent la moitié du nombre total de morts dans la zone en 2018, se sont produites car il n'y avait plus de bateaux de sauvetage d'organisations non gouvernementales (ONG) actifs en Méditerranée. Il y a un mois, le navire de recherche et sauvetage Aquarius, opéré par SOS Méditerranée en partenariat avec Médecins Sans Frontières (MSF), a été empêché de débarquer 630 personnes secourues en mer par les autorités italiennes. D'autres blocages et obstructions des navires de sauvetage des ONG par les Etats européens ont suivi.
Des décisions politiques aux conséquences mortelles
« Les décisions politiques européennes prises ces dernières semaines ont eu des conséquences mortelles. Le choix de laisser les hommes, les femmes et les enfants se noyer dans la mer Méditerranée est délibéré. C'est scandaleux et inacceptable, déclare Karline Kleijer, responsable des urgences à MSF. »
Alors que les navires de sauvetage des ONG opérant dans les eaux internationales entre Malte, l'Italie et la Libye ont été accusés par les politiciens européens d’accroître les départs, les récents événements en mer montrent que des personnes désespérées continuent de fuir la Libye. La violence, la pauvreté et les conflits poussent les gens à risquer leur vie et celle de leurs enfants.
Plutôt que d'entraver l’assistance médicale et humanitaire vitale aux personnes en détresse en mer Méditerranée, les gouvernements européens doivent mettre en place des moyens de recherche et de sauvetage proactifs et dédiés.
Les gouvernements européens sont pleinement conscients des niveaux alarmants de violence et d'exploitation subis par les réfugiés, les demandeurs d'asile et les migrants en Libye, mais ils sont déterminés, quelles qu’en soient les conséquences, à empêcher les personnes d'atteindre l'Europe. Un élément clé de la stratégie visant à fermer l’accès en Méditerranée consiste à équiper, former et soutenir les garde-côtes libyens pour intercepter les gens en mer et les renvoyer en Libye. Ce renvoi ne peut être effectué légalement par les navires non libyens, car le pays n'est pas reconnu comme un lieu sûr. Les personnes secourues dans les eaux internationales de la Méditerranée ne doivent pas être renvoyées en Libye mais doivent être conduites dans un port sûr conformément au droit international et maritime.
Une mortalité accrue sur la route maritime la plus meurtrière au monde
En outre, les garde-côtes libyens soutenus par l'UE ont intercepté quelques 10 000 personnes cette année et les ont emmenées dans des centres de détention en Libye, au mépris des conséquences sur leur santé et leur vie . Le désengagement en termes de responsabilité de recherche et de sauvetage en Méditerranée en faveur des garde-côtes libyens ne fera que provoquer davantage de morts.
« La décision politique de fermer les ports aux personnes secourues en mer, et la confusion totale en Méditerranée, ont conduit à une mortalité accrue sur la route maritime la plus meurtrière au monde , déclare Sophie Beau, vice-présidente de SOS Méditerranée. L'Europe porte la responsabilité de ces morts. Les gouvernements européens doivent réagir immédiatement et garantir que les lois maritimes et humanitaires internationales encadrant l'obligation de secourir les personnes en détresse en mer soient pleinement respectées. »
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