Au Tchad, l’épidémie de rougeole n’est pas encore maîtrisée

Tchad, 04 avril 2019

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Une partie du Tchad, dont la capitale N’Djamena et la ville d’Am Timan, est au cœur d’une épidémie de rougeole qui dure depuis un an déjà et qui gagne en intensité. Pour aider à la maîtriser, une équipe d’urgence de l’organisation médicale internationale Médecins Sans Frontières (MSF) a conduit une campagne de vaccination massive à Am Timan, visant à protéger 107000 enfants contre la maladie potentiellement mortelle.

« Le Tchad suit un schéma d’épidémies de rougeole qui commencent généralement au printemps et s’éteignent quand les pluies commencent en juin » explique la coordinatrice d’urgence de MSF, Theresa Berthold. « Cependant, l’épidémie de rougeole de 2018 est toujours en cours et n’est toujours pas maîtrisée ». 

Officiellement déclarée au Tchad en mai 2018, l’épidémie de rougeole en cours a affecté 69 des 126 districts du pays. En janvier, l’épidémie a gagné en intensité, avec 9 000 cas de rougeole et 68 décès reportés durant les trois premiers mois de 2019. C’est une augmentation énorme par rapport à l’année précédente, avec 5 336 cas de rougeole et 96 décès reportés par le ministère de la Santé entre mai et décembre 2018.

Répondre en urgence à un nouveau pic

L’équipe d’urgence de MSF au Tchad est arrivée dans la ville d’Am Timan en janvier, quand le nouveau pic a été déclaré. Pendant quatre semaines, 150 membres du personnel MSF ont vacciné 107 000 enfants à Am Timan ville et dans 13 zones de responsabilité du district d’Am Timan. L’équipe d’urgence a également aidé à soigner les patients atteints de la rougeole à l’hôpital d’Am Timan ainsi que dans trois centres de santé, dispensant des soins gratuits. L’équipes de MSF traitait 1 677 enfants de formes sévères de rougeole au cours des trois premiers mois de 2019.

Tchad, 04 avril 2019

Roger, chef de l'équipe médicale d’urgence de MSF

© Juan Haro

Dans les jours qui ont précédé la campagne de vaccination de masse, l’équipe de MSF à Am Timan a rendu visite aux communautés locales – y compris la population nomade - afin de partager des informations sur la façon de protéger les enfants de la rougeole.

Nous avons vu un certain nombre de pères nomades faire plusieurs kilomètres pour faire vacciner leurs enfants après avoir entendu parler de la campagne de notre équipe

Theresa Berthold, coordinatrice d’urgence MSF

Soutenir les structures de santé

Dans la capitale, N’Djamena, MSF a transformé son ancien centre nutritionnel thérapeutique monté en juillet 2018 en une unité dédiée à la prise en charge hospitalière des enfants atteints par la rougeole. L’aide aux structures de santé de la ville s’est progressivement étendue, avec 21 centres de santé actuellement soutenus par MSF dans lesquels environ 1 500 patients atteints de rougeole ont été soignés.  En travaillant avec 270 relais communautaires, MSF contribue également à renforcer les capacités de dépistage actif dans la ville, afin de détecter les cas de rougeole et d’orienter les malades vers les soins appropriés. 

La campagne de vaccination de masse de MSF à Am Timam n’est pas la seule à avoir eu lieu au Tchad durant l’année dernière, mais la réponse nationale actuelle semble ne pas être suffisante pour contrôler l’épidémie.

Tchad, 04 avril 2019

Vue de l’hôpital de Am Timan

© Juan Haro

Vacciner pour endiguer le cercle vicieux des épidémies

Pour atteindre l’immunité collective, 95% des enfants doivent être vaccinés. Le Tchad est loin d’atteindre cela, avec à peine un enfant sur trois de moins de cinq ans (37%) vacciné contre la rougeole et seulement un sur quatre totalement immunisé contre les maladies infantiles courantes, selon les dernières données partagées par les autorités sanitaires tchadiennes.

Un effort concerté du ministère de la Santé et des organisations internationales est nécessaire pour mettre fin à l’épidémie

Martin Braaksma, chef de mission MSF au Tchad.

« Sans campagne de vaccination de masse nationale pour tous les enfants de moins de cinq ans au Tchad, la santé de centaines de milliers d’enfants souffrant de malnutrition sera mise en péril. Le nombre d’enfants malnutris devrait augmenter pendant la période de soudure [N.D.R : période précédant les premières récoltes et où le grain de la récolte précédente peut venir à manquer] qui commence en juin ou juillet. Un système national de traitement gratuit de la rougeole devrait également être mis en place. »

La combinaison entre malnutrition et rougeole est particulièrement dangereuse, étant donné que la rougeole peut aggraver la malnutrition, alors que la faible immunité causée par la malnutrition peut aggraver la rougeole et augmenter le risque de décès.

« C’est seulement en atteignant le point où tous les enfants au Tchad sont totalement immunisés que les futures épidémies de rougeole peuvent être prévenues et que les personnes pourront échapper au cercle vicieux des épidémies annuelles, qui mettent les vies de milliers d’enfants en danger » conclue Martin Braaksma.

MSF travaille au Tchad depuis 37 ans. Son unité de réponse d’urgence au Tchad délivre une réponse médicale rapide face aux urgences épidémiques, prodiguant un traitement de qualité gratuit et conduisant des campagnes de vaccination d’urgence. MSF mène également des activités médicales à Moissala dans la région de Mandoul.