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Les populations du Sud frappées de plein fouet par la saison cyclonique
Madagascar 4 min
« Notre vie a été complètement bouleversée par le cyclone Honde. Un mois plutôt (février), nous avions déjà été frappé·e·s par une tempête. Je vous avoue que l’avenir s’annonce très difficile » - confie Jean Biscotin, habitant de l’une des communes les plus touchées par le passage de Honde. « Ce qui me fait le plus peur maintenant, c’est que d’autres cyclones nous frappent encore » ajoute-il. Une semaine plus tard, la tempête Jude frappait une nouvelle fois le sud de Madagascar.
Nordine, une agricultrice de 42 ans, témoigne : « Je ne saurais expliquer combien c'est difficile et comment on souffre. Aujourd’hui, nous n’avons plus rien : ni nourriture, ni abri. Les cyclones ont ravagé nos terres. Les récoltes qu’on aurait dû manger maintenant ont toutes été détruites ou emportées par les eaux. Nos maisons sont ravagées. » Comme elle, de nombreuses familles ont tout perdu après le passage de Honde et Jude.

Distribution de vivres et de kits d’hygiène dans les communes de Belalanda et de Behompy.
Début mars, les équipes MSF se sont rendues dans le Sud-Ouest de l’île, une des zones les plus touchées afin de répondre aux besoins urgents. Huit sites de cliniques mobiles ont été déployées en collaboration avec les autorités locales, permettant à 2 817 personnes de recevoir des soins médicaux. Des distributions de vivres et de kits d’hygiène ont permis de soutenir 1 289 ménages sinistrés. Pour assurer la prise en charge des cas de malnutrition aiguë sévère dépistés en cliniques mobiles, MSF a fait une donation de médicaments au district de santé de Tuléar II.
Difficultés d'accès : plusieurs jours pour atteindre les communes sinistrées
« L’état des routes s’est détérioré au fur et à mesure que nous avancions. Quatre jours après le passage de Honde, beaucoup restaient inondées ou obstruées, rendant l’accès aux zones les plus touchées très compliqué », explique Narcisse WEGA, chef de mission MSF à Madagascar. « Pour certaines villes côtières, les routes étaient devenues inaccessibles, il nous a fallu prendre la mer. Mais, la montée des vagues après le passage des cyclones empêchait toute traversée maritime, retardant les interventions. Nos équipes ont dû attendre plusieurs jours avant de pouvoir atteindre ces localités », ajoute-t-il.
Les conséquences médicales des inondations et des destructions étaient tangibles. « Les cyclones ont endommagé le système solaire qui assurait la chaîne de froid du district, stoppant la vaccination de routine des enfants et mettant leur santé en danger », témoigne Narcisse WEGA. « À Ankilimivony, nous avons trouvé un centre de santé dont la toiture avait été arrachée par les vents violents. Sans toiture, le centre de santé n’était plus fonctionnel. Les agents de santé sur place ont dû utiliser leur propre maison afin de continuer à prendre en charge les malades », poursuit-il. Afin d’assurer la bonne reprise des activités, MSF a remis du matériel au centre de santé d’Ankilimivony afin de contribuer à sa réhabilitation.
Dans le Sud de Madagascar, une région marquée par des épisodes récurrents de sécheresse et un accès limité aux infrastructures de base, les cyclones viennent perturber un équilibre déjà fragile. La majorité des habitant·e·s de ces zones rurales sont des agriculteur·trice·s. Leurs moyens de subsistance dépendent des conditions climatiques, ce qui les expose particulièrement aux chocs environnementaux.
Au-delà de l’urgence, ces catastrophes successives posent la question de la résilience des communautés face aux impacts du changement climatique sur la santé et les conditions de vie. « Nous sommes particulièrement inquiet·ète·s face à la fréquence croissante de ces chocs climatiques. À ce rythme, il devient de plus en plus difficile pour les communautés de se relever après chaque catastrophe », explique Narcisse WEGA – Chef de mission pour MSF Madagascar.
Depuis le début de l’année, après une saison des pluies anormalement sèche, le pays a subi trois cyclones et plusieurs épisodes de fortes pluies, dont ceux du 16 février et du 22 mars à Antananarivo la capitale, où MSF a distribué des vivres et des kits d’hygiènes aux personnes affectées.