MSF ouvre un programme nutritionnel en urgence au Tchad

Tchad, 07.06.2018

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MSF ouvre aujourd’hui en partenariat avec le ministère de la Santé un centre nutritionnel thérapeutique à N’Djamena pour répondre à la situation critique de milliers d’enfants de moins de cinq ans, dans un contexte où les quelques structures qui prennent en charge les enfants sévèrement malnutris sont totalement débordées par leur nombre.

Endémique au Tchad et à N’Djamena où elle se situe chaque année à des niveaux élevés, la malnutrition aigüe atteint actuellement des proportions alarmantes dans la capitale, sous l’effet cumulé de la crise du pouvoir d’achat qui frappe la population, d’une insécurité alimentaire saisonnière particulièrement sévère cette année, et d’une grève de la fonction publique qui touche le secteur de la santé. 

Taux de malnutrition infantile au-dessus des seuils d’urgence

La dernière enquête coordonnée par le ministère de la santé tchadien en juillet 2017 avait pointé des taux de malnutrition infantile à N’Djamena au-dessus des seuils d’urgence. Or cette année, le nombre d’enfants sévèrement malnutris hospitalisés depuis janvier dans l’hôpital de l’Amitié Tchad-Chine soutenu  par l’ONG Alima a augmenté de 45 % comparé à la même période en 2017. Le centre a admis jusqu’à 170 enfants sévèrement malnutris et malades, débordant sa capacité d’hospitalisation initiale de 80 lits. 

Ouvertures des centres de nutrition ambulatoire

Face à cette situation, il faut à la fois renforcer de toute urgence la capacité d’hospitalisation des enfants et le traitement précoce de la malnutrition. Les unités nutritionnelles ambulatoires jouent ici un rôle crucial : en facilitant le traitement de la malnutrition à domicile, elles préviennent la détérioration de la santé des enfants et le besoin d’hospitalisation. Mais à N’Djamena la plupart de ces unités n’ouvrent qu’une journée par semaine et font face à des pénuries fréquentes d’aliments thérapeutiques prêts à l’emploi, vitaux pour les enfants sévèrement malnutris et fournis par l’UNICEF.

« A N’Djamena, où l’accès à des soins pédiatriques d’urgence est limité, il faut à tout prix éviter que les enfants soient si mal en point qu’il faille les hospitaliser. Une mobilisation urgente est nécessaire pour augmenter le nombre et la couverture d’unités nutritionnelles ambulatoires, et garantir qu’elles ont les moyens de fonctionner » déclare Natalie Roberts, responsable des urgences à Médecins Sans Frontières (MSF).

En partenariat avec le Ministère de la Santé tchadien, MSF ouvre aujourd’hui une unité nutritionnelle hospitalière d’une capacité initiale de 50 lits et prévoit de développer plusieurs centres nutritionnels ambulatoires à Ndjamena, afin que les enfants puissent suivre le traitement  à domicile et bénéficier d’un suivi adapté. 

On ne doit pas attendre que les enfants soient à l’article de la mort pour répondre à leurs besoins essentiels !

Natalie Roberts, responsable des urgences à MSF.

Il faut également renforcer le statut nutritionnel des enfants qui souffrent de malnutrition modérée et qui ne bénéficient aujourd’hui d’aucune prise en charge. « Jusqu’à présent, les enfants dépistés modérément malnutris étaient renvoyés chez eux, sans assistance. Or on sait qu’à la maison, ils vont sombrer rapidement dans une forme sévère de malnutrition en l’absence d’une alimentation suffisante, que les mères n’ont pas les moyens de leur fournir » explique Nathalie Roberts.

MSF va intégrer dans les semaines à venir la distribution de compléments alimentaires fournis par le Programme Alimentaire Mondial pour les enfants modérément malnutris dans ses activités ambulatoires.

Présente au Tchad depuis 37 ans, MSF travaille aujourd’hui dans la région du Salamat, du Mandoul et du Logone oriental pour fournir des soins de santé aux populations locales, déplacées et réfugiées. L’organisation augmente chaque année ses capacités pour dépister et prendre en charge la malnutrition infantile durant  la période de soudure combinée à une prévalence accrue du paludisme saisonnier,  qui s’étend généralement de mai à septembre. Cette année, la situation est particulièrement critique dans la capitale Ndjamena et MSF démarre un programme nutritionnel d’urgence pour renforcer le dispositif de prise en charge de la malnutrition aigüe.