La tuberculose résistante aux traitements: une pandémie mondiale
La tuberculose est une infection, due à une microbactérie, qui touche principalement le poumon mais aussi, moins fréquemment, d'autres organes. Un tiers de la population mondiale est infectée et 2 millions de personnes meurent de cette maladie chaque année.
La pandémie liée au VIH a également entraîné une forte progression de la maladie tuberculeuse, ces deux infections étant souvent associées. Un patient séropositif avec un système immunitaire déficient a 50 fois plus de risque de développer la maladie.
Les cas de tuberculoses résistantes aux traitements sont de plus en plus répandus, notamment en Russie, en Europe de l'Est et en Asie Centrale. Dans ces régions, les prisons sont des lieux de grandes préoccupations car en raison de leur surpopulation, des conditions d'hygiène défaillantes et des traitements souvent inadéquats, les détenus ont plus de chance de développer les formes résistantes.
Les symptômes :
- toux prolongée
- crachats contenant du sang
- douleur thoracique
Cas graves :
- difficultés respiratoires
- baisse de l'état général
- perte de poids
- fièvre modérée
- sudations nocturnes
Une infection pas forcément pulmonaire
D'autres localisations de l'infection sont possibles. Elle peut toucher les ganglions, les os, les articulations, les reins, les voies urinaires, les organes génitaux et les diverses enveloppes qui entourent les organes (poumon, méninges, coeur, abdomen).
Suivant l'organe touché, les symptômes varient. Une atteinte d'une vertèbre et de son disque conduira par exemple à des douleurs et à une déformation de la colonne vertébrale, cette forme de la maladie est appelée maladie de Pott.
Une atteinte d'un ou plusieurs ganglions (le cou étant la localisation la plus fréquente) donnera lieu à une augmentation de leur taille, indolore et non inflammatoire. A un stade plus tardif, des fistules (communication avec l'extérieur) pourront se créer.
La tuberculose peut également se disséminer dans tout l'organisme, on parle alors de tuberculose miliaire.
La tuberculose est curable, pourtant, elle est aujourd’hui la maladie infectieuse la plus meurtrière dans le monde. Nous avons urgemment besoin d’un traitement mieux toléré par les patients, plus efficace, disponible et abordable. Sinon ça sera, comme d’habitude, l’impasse.
La forme pulmonaire, contagieuse par voie aérienne
L'infection pulmonaire se transmet d'être humain à être humain par voie aérienne. Lorsque le patient tousse ou parle, il produit de minuscules gouttelettes contenant des bactéries qui restent dans l'air. Ces bactéries en suspension sont respirées par d'autres personnes qui sont ainsi contaminées. Environ 10% des personnes contaminées vont développer la maladie.
Les autres localisations de la tuberculose ne sont en principe pas contagieuses.
Prévenir la transmission de l’infection
Bien qu'offrant une protection partielle, la vaccination par le BCG (Bacille de Calmette et Guérin) est recommandée dans les pays en voie de développement où le risque de contracter la maladie est très important. Une immunosuppression grave, comme dans le cas du VIH/sida, est par contre une contre-indication au vaccin.
Lorsqu'une tuberculose pulmonaire est suspectée et diagnostiquée chez un patient, des mesures protectives doivent être mises en place pour le personnel de santé et l'entourage du patient. Cela implique l'isolement du patient et la mise à disposition de protections respiratoires (masques) pendant la phase contagieuse. Une fois le traitement efficace, l'isolation est levée. Un suivi médical doit être proposé au personnel de santé et à l'entourage du patient. Le test de Mantoux (petite injection sous la peau) permet de détecter une éventuelle contamination. Son interprétation est par contre plus difficile lorsque la personne a été vaccinée au préalable.
Enfin un dépistage aussi précoce que possible est important pour les patients présentant un système immunitaire déficient comme dans le cadre d'une atteinte par le VIH. Une prophylaxie antibiotique préventive peut être prescrite en cas d'une immunité fortement abaissée.
Le VIH et la tuberculose présentent des défis importants pour la communauté ici. L'une des raisons sous-jacentes de la prévalence élevée de la tuberculose est le manque général de sensibilisation à la maladie. Une partie de notre rôle consiste donc à aider les patients et leurs familles à comprendre ce que sont ces maladies, comment elles se propagent, comment les prévenir et comment ils peuvent vivre avec elles.
Un traitement qui peut s’avérer très complexe
Une tuberculose pulmonaire est diagnostiquée sur la base de l'histoire et de l'examen du patient, des examens radiologiques (Rx du thorax) et des tests de laboratoire. Les expectorations du patient sont observées au microscope puis mis en culture pour détecter la présence de la bactérie. Ces tests de laboratoire sont répétés en cours de traitement pour vérifier son efficacité.
Une fois le diagnostic posé, un traitement médicamenteux contenant quatre sortes d'antibiotiques est prescrit pour une durée de six mois dans la majorité des cas. Si l'infection est résistante à un ou plusieurs antibiotiques, le traitement doit être adapté tant dans le contenu que dans la durée. La tuberculose multi-résistante (MDR-TB) et ultra-résistante (XDR-TB) sont une préoccupation croissante.
Le traitement est difficile pour le patient tant dans sa durée que dans le nombre de médicaments à absorber. Il peut entraîner également des effets secondaires et toxiques. Lors de la prescription d'un traitement, il est important d'assurer le suivi du patient en l'accompagnant dans sa maladie, en lui fournissant toutes les explications nécessaires et en le responsabilisant quant à sa prise médicamenteuse. En effet une interruption ou une mauvaise adhérence au traitement peut entraîner des rechutes et favoriser l'apparition de résistances.