Nigeria: « les gens meurent d’hépatite E car ils n’ont pas accès à une eau saine et du savon »
© Sylvain Cherkaoui/COSMOS
Nigeria3 min
A l’intérieur d’un camp dans le nord-est du Nigeria, des centaines de personnes ont été contaminées par l’hépatite E après que l’épidémie se soit propagée depuis le Niger.
La combinaison de conditions de vie désastreuses et d’inondations a fait que cette maladie très contagieuse s’est rapidement étendue au sein du camp de Ngala. Nicoletta Bellio, coordinatrice médicale MSF, décrit la situation dans le camp qui abrite 45 000 personnes ayant fui les violences, conséquences des conflits entre Boko Haram et l’armée nigériane.
Une situation très préoccupante
«La situation à Ngala est très préoccupante. La saison des pluies a commencé, causant des inondations multiples dans le camp. Des torrents d’eau pénètrent dans les abris et les latrines. Dès qu’il se met à pleuvoir, le camp entier se transforme en bourbier. C’est un terrain propice à la propagation de bactéries et de maladies – d’autant plus quand les personnes n’utilisent pas toujours les latrines qui sont installées –les eaux usées se répandent donc partout.
Plus de 400 cas d’hépatite E en 2 mois
Avec plus de 400 cas d’hépatite E au cours des deux derniers mois, et plus de 170 patients soignés à l’hôpital MSF, l’épidémie a été officiellement déclarée.
Si elles ont reçu le traitement, les personnes récupèrent généralement bien de l’hépatite E, mais la maladie peut faire des dégâts chez les femmes enceintes et leurs futurs bébés. L’hépatite E peut entraîner des taux élevés d’avortement ou d’enfants mort-nés, ainsi que des naissances prématurées. Cela peut aussi provoquer des hémorragies chez les mères pendant et après l’accouchement.
Quatre décès de trop
A Ngala, ces deux derniers mois, quatre femmes enceintes sont décédées de complications liées à cette maladie. Ce sont quatre de trop. Des éléments aussi ordinaires que le savon et l’eau saine auraient évité ces morts.
Nos équipes de promotion de la santé travaillent auprès des communautés afin d’évacuer les déchets et les eaux usées du camp. Nous avons également distribué du savon et désinfecté le système d’approvisionnement en eau, même si le chlore n’est pas aussi efficace contre l’hépatite E que contre le choléra. D’autres organisations humanitaires ont également œuvré pour améliorer l’approvisionnement en eau.
Des pluies qui vont durer plusieurs mois
Les pluies continueront de tomber pendant plusieurs mois, et nous sommes inquiets que cela ne conduise à davantage de patients atteints d’hépatite E, ou pire encore, que cela n’amène une épidémie de choléra. Si c’est le cas, il sera très difficile pour nous d’intervenir du fait de la situation isolée de Ngala et de l’insécurité dans la zone. Ce sera un désastre.»
MSF travaille dans le camp de Ngala depuis octobre 2016 où l’organisation gère l’hôpital. L’offre de soins comprend des consultations en ambulatoire, des hospitalisations si besoin, une prise en charge de la malnutrition et une maternité.
© Sylvain Cherkaoui/COSMOS