Les promesses de la conférence de Paris sur le Soudan sont insuffisantes
© Mohamed Zakaria
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La conférence humanitaire internationale pour le Soudan et les pays voisins qui s'est tenue à Paris le 15 avril 2024 a aidé à sortir de l'ombre une crise devenue profondément négligée. Le fait qu'autant de pays aient montré du soutien est positif, mais les 2 milliards d'euros promis sont loin d'être suffisants pour répondre aux énormes besoins du Soudan et des pays voisins, qui continuent de s'accroître. Les Nations Unies avaient lancé un appel pour 3.8 milliards d'euros, les promesses de la conférence ne sont donc pas à la hauteur. Commentaire de Claire Nicolet, coordinatrice d'urgence MSF pour le Soudan, suite à la conférence.
Ces promesses de dons vont probablement permettre d'augmenter la réponse humanitaire dans les zones sous contrôle des forces armées soudanaises (SAF), mais en raison des restrictions de mouvements actuelles à l'encontre du personnel et du matériel médical dans les zones contrôlées par les forces de soutien rapide (RSF), des millions de personnes risquent de rester privées d'aide.
Depuis le mois d'octobre, nous n'avons pas été en mesure d'acheminer des fournitures vers nos centres de santé à Khartoum, et il ne nous reste actuellement que 20 % de notre stock à l'hôpital turc, dans le sud de la ville. Il est urgent d'acheminer davantage de fournitures. Nous avons par exemple déjà manqué de traitements contre le paludisme et cela a malheureusement entraîné la mort d'enfants. Ça ne devrait pas se produire. L'accès à toutes les régions du Soudan pour les acteurs humanitaires est essentiel si l'on entend réellement renforcer la réponse humanitaire.
Dans les régions où MSF travaille, nous sommes souvent les seuls acteurs humanitaires internationaux à proximité. Nous savons, en outre, qu'il y a beaucoup d'autres régions du Soudan où personne n'intervient du tout. Les efforts déployés pour accroître le financement de l'aide humanitaire, bien qu'insuffisants, sont bienvenus. Mais pour qu'ils ne soient pas vains, les Nations Unies doivent user de leur influence auprès des parties belligérantes pour garantir l'accès - et ce, au-delà des lignes de front et des frontières. C'est absolument essentiel et c'est la seule chose qui permettra d'empêcher d'autres morts évitables.
© Mohamed Zakaria